Marie-Thérèse de Habsbourg - Espagne
1638 - 1683



Marie-Thérèse d'Autriche

(exposé au Château de Chambord - © Au 17ème siècle)




Reine de France et de Navarre
de 1660 à 1683



Le 10 septembre 1638, cinq jours seulement après la naissance du futur Louis XIV, naissait à l'Escorial en Espagne, sa cousine germaine, Marie-Thérèse d'Autriche, Infante d'Espagne. Elle était la fille du Roi d'Espagne, Philippe IV et d'Élisabeth de France, soeur de Louis XIII. Suite aux nombreux deuils qui entourèrent la succession de Philippe IV, Marie-Thérèse resta longtemps l'héritière du trône. Ce trône pouvait donc passer, à la mort du Roi d'Espagne, entre les mains de leur ennemi d'alors, la France, mettant ainsi en péril l'avenir de leur pays, ce qui freina énormément les démarches maritales entre l'Espagne et la France.

Il fallu donc attendre le second mariage de Philippe IV en 1649 avec Marie-Anne de Habsbourg, sa propre nièce, fille de sa soeur et de l'Empereur Ferdinand III, pour voir naître, en novembre 1657, un héritier viable, Philippe-Prosper, permettant ainsi aux négociations de reprendre.

Mais celles-ci traînèrent et ne plurent pas au Roi d'Espagne qui se tourna donc vers une autre proposition tout aussi intéressante. Marie-Thérèse avait un autre cousin à Vienne et celui-ci venait d'être élu Empereur, Léopold 1er. Philippe IV voyait déjà se dessiner à l'horizon l'Empire de Charles Quint. Si l'héritier d'Espagne venait à mourir, vu le taux de mortalité à la cour d'Espagne et la santé très précaire du futur Roi (qui mourut d'ailleurs en 1661, et cinq jours après le décès, naissait Charles II), Marie-Thérèse succédait au trône et ainsi rassemblait les deux branches de la maison de Habsbourg.

Mais le rusé Cardinal Mazarin devina le dessin du Roi et accéléra les négociations en faisant croire, en 1658, que le jeune Roi Louis XIV allait épouser Margueritte de Savoie, ce qui inquiéta fortement Philippe IV qui envoya aussitôt son ambassadeur à Lyon. Le mariage fut donc conclu avec, en clause, l'abandon par Marie-Thérèse de tous ses droits à la succession du trône d'Espagne, clause ayant été acceptée par Mazarin avec la compensation d'une dote d'un montant de cinq mille écus français.

L'enfance de Marie-Thérèse fut marquée par les décès successifs de ses frères et soeurs ainsi que par celui de sa mère, Élisabeth de France. Elle reçut une éducation stricte et religieuse. N'ayant appris que les traditions et valeurs de son pays, elle ne fut pas préparée à son futur métier de Reine jouant un rôle politique, mais plutôt à celui d'une épouse soumise et vertueuse. À son arrivée en France, ne sachant pas parler un mot de français, elle rencontra donc des difficultés pour son adaptation auprès des courtisans.

Marie-Thérèse d'Autriche avait reçu des portraits de Louis XIV pendant les négociations et ayant un esprit rêveur et romanesque, elle s'éprit rapidement de lui. Ainsi dès leur première rencontre, la vieille de leur mariage, Marie-Thérèse tomba immédiatement amoureuse de son futur époux, mais hélas, ce ne fut pas réciproque car Louis sortait juste d'un amour brisé et malheureusement toujours aussi présent. Ne la trouvant pas à son goût, il dit à son entourage qu'il l'a trouvait fort laide. Le mariage fut tout de même célébré à Saint Jean de Luz, le 9 juin 1660.




Marie-Thérèse d'Autriche par Henri et Charles Beaubrun

Marie-Thérèse d'Autriche de Henri et Charles Beaubrun
(exposé au Château de Versailles - © Au 17ème siècle)



Anne d'Autriche prit sa belle-fille et nièce sous sa protection et commença à lui enseigner son métier de Reine. Mais Marie-Thérèse déçut très vite les espérances de tous et n'arrivant jamais à tenir son rang comme il le fallait. Ne comprenant pas les mots d'esprits, n'ayant pas de goût artistique, et son état d'esprit restant très enfantin, sa réputation ne tarda pas à se faire. Elle commença donc à être prise pour une sotte. Louis XIV, aimant les femmes d'esprits, se lassa très vite d'elle et entama simplement au bout de six mois de mariage, une nouvelle liaison avec Henriette-Anne d'Angleterre, sa belle-soeur et cousine.

Louis XIV, pourtant lui témoigna toujours le respect dû à son rang et en exigea de même de la part de la cour. Malgré toutes ses infidélités, il partagea son lit tous les soirs, mais Marie-Thérèse fut très vite effacée et dépassée par cette cour intrigante et impitoyable, et elle préféra rester la plupart du temps dans ses appartements à l'abri des regards.

Heureusement, elle tomba enceinte dès le début de son mariage et mit au monde le 1er novembre 1661, au château de Fontainebleau, le premier Dauphin, Louis, le Grand Dauphin. Elle allait donner naissance à six enfants, mais seul Louis survécut jusqu'à l'âge adulte, car ses autres enfants moururent au berceau ou à la petite enfance.




Marie-Thérèse d'Autriche par Jean Nocret

La Reine Marie-Thérèse d'Autriche par Jean Nocret
(exposé au Château de Versailles - © Au 17ème siècle)



Marie-Thérèse, voyant son royal époux s'éloigner d'elle, se plaignit à Anne d'Autriche, sa belle-mère. Celle-ci s'empressa de calmer l'anxiété et la jalousie de sa belle-fille et demanda à son fils de modérer son ardeur auprès de sa nouvelle maîtresse, Henriette-Anne d'Angleterre. Mais la nouvelle liaison faisait beaucoup jaser et n'était pas de bonne réputation pour le Roi car Henriette-Anne n'était-elle pas la femme de son frère ! Celle-ci décida donc de réagir en faisant croire à la Cour et à la Reine que le Roi se détournait d'elle pour sa nouvelle fille d'honneur, fraîchement arrivée de province, Louise de La Vallière. La stratégie marcha si bien qu'elle finit par se faire réellement évincer par Louise de La Vallière.

Le caractère de Marie-Thérèse s'assombrit et sa jalousie s'amplifia. Elle resta un certain temps dans l'ignorance des liaisons de Louis XIV gràce à la vigilance d'Anne d'Autriche qui faisait tout son possible pour les cacher et même les arrêter. Mais elle suspecta tout de même assez vite que Louis entretenait une liaison. Elle épia le moindre geste, la moindre parole pour en avoir confirmation et finit par apprendre suite à une dénonciation qui était l'heureuse élue dans le coeur du Roi, permettant ainsi à celui-ci de prendre le positif de la situation en s'affichant avec sa maîtresse. Louise de La Vallière devint ainsi la première favorite officielle de Louis XIV.

Marie-Thérèse d'Autriche allait malheureusement très vite être mise dans une situation pénible après le décès de sa belle-mère, n'ayant plus de protectrice pour freiner le Roi. Celui-ci, venant de prendre une nouvelle maîtresse, Françoise de Montespan, qui, ayant beaucoup d'ambition, sut par conséquent manoeuvrer habilement pour devenir rapidement favorite officielle, obligea Marie-Thérèse à partager son carrosse et sa table ainsi qu'à se montrer en public avec les deux favorites. Ce n'était plus un mariage à trois mais à quatre.

Marie-Thérèse étant de petite taille prit très vite de l'embonpoint, notamment à cause du chocolat dont elle raffolait et ne pouvait plus se passer. Ses grossesses successives n'arrangèrent pas non plus son état. Ayant finit par se réfugier également dans le jeu, elle n'excella pas davantage dans ce domaine, et y perdit beaucoup d'argent.

Le 26 juillet 1683, Marie-Thérèse commença à avoir des accès de fièvre et se sentit de plus en plus mal. Les médecins lui pronostiquèrent des rhumatismes et lui trouvèrent également une tumeur sous son bras gauche. Ils lui firent une saignée mais cela se transforma en un abcès suppurant et se violaçant. Louis XIV fut réellement affligée par l'état de Marie-Thérèse et se tint à son chevet. Les médecins lui firent des saignées sans succès et son abcès, devenu septicémie, l'emporta au bout de quatre jours d'agonie, le 30 juillet 1683. Elle fut enterrée à la Basilique de St Denis et son coeur à l'église du Val de Grâce, dans la chapelle Sainte Anne à Paris.

Biographie écrite par Karine Merdrignac.
Mise en ligne le 24/05/2002

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