Marie Mancini
1639 - 1715



Marie Mancini par Jacob Ferdinand Voet



Marie naquit à Rome le 28 août 1639 dans une famille de huit enfants, trois garçons et cinq filles. L'aînée fut Laure-Victoire qui naquit le 15 juin 1635, ensuite vint Paul le 22 mai 1636 et Olympe le 11 juillet 1637, Philippe le 28 mai 1641 et Alphonse le 29 mai 1644, puis Hortense le 6 juin 1646 et enfin la cadette Marie-Anne qui naquit le 8 septembre 1649.

La mère de Marie était la soeur du Cardinal Jules Mazarin. qui avait décidé de faire venir petit à petit sa famille à Paris pour les faire profiter de sa situation et ainsi tisser sa toile en les mariant le plus noblement possible.

Il commença à faire venir les aînés de ses neveux et nièces, Paul, Laure et Olympe, en septembre 1647. Malgré la Fronde qui faillit faire chuter Mazarin, Laure épousa le duc de Mercoeur (petit-fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées). Mais Paul, recruté dans l'armée, fut tué en 1652 à la porte Saint-Antoine lors d'un combat.

Les deux soeurs de Mazarin devenues veuves et la Fronde étant finie, il décida de les faire venir au printemps 1653. Madame Martinozzi vint avec sa fille aînée Laure, sa seconde fille étant déjà en France et Madame Girolama Mancini vint avec une partie de ses enfants, Marie, Hortense et Philippe. Alphonse et Marie-Anne vinrent deux années plus tard. La mère de Marie souhaitait la laisser à Rome à cause de son caractère inconvenant pour l'étiquette de la Cour. En effet, Marie fut dès la petite enfance, capricieuse et effrontée. Mais Marie réussit à attendrir sa mère pouvant ainsi la suivre à Paris. Toutefois, elle ne pouvait fréquenter la cour et la Reine Anne d'Autriche comme ses soeurs, elle restait donc chez elle le plus souvent.

Philippe et Alphonse allèrent au collège. Alphonse eut un accident mortel en jouant avec ses amis. Ceux-ci l'envoyèrent en l'air avec un drap, mais le drap glissa des mains de l'un d'eux, il tomba se brisant le crâne. Il succomba au bout de trois semaines.

Olympe Mancini étant des âges de Louis XIV et tous deux se côtoyant journellement, des liens se formèrent entre eux.

Vers 1654, Louis XIV, alors âgé de 16 ans, commença à montrer son intérêt envers la gent féminine. Olympe qui avait 17 ans déclencha les cancans de la Cour au sujet de leur relation. Nul ne pouvait dire s'ils étaient vraiment amants puisque la discrétion était de mise mais Olympe était présente à toutes les fêtes avec le Roi. " Le Roi la menait toujours danser [...] et il semblait que les bals, les divertissements et les plaisirs n'étaient faits que pour elle. "

Ce n'était pas du goût de son oncle Mazarin. Il eut peur que cela compromette un beau mariage pour Olympe, sachant très bien que la Reine Anne d'Autriche refuserait tout mariage avec son fils en dehors d'une princesse. Le Cardinal eut donc l'envie de précipiter de marier sa nièce avant que sa réputation soit calomniée.

En décembre 1656, la mère de Marie, Girolama Mancini, décéda. Sur son lit de mort, elle demanda à son frère le Cardinal Mazarin de mettre Marie au couvent, parce que disait-elle, Marie lui semblait d'un mauvais naturel et que son défunt époux, qui était amateur d'astrologie, prédisait que Marie serait la cause de malheurs.

L'autorité de Girolama Mancini envers Marie ne fit que provoquer chez celle-ci des insoumissions et non la docilité recherchée. À l'évidence une certaine rivalité et amertume envers ses soeurs, qui étaient préférées, apparurent et aiguisèrent son ambition.

En février 1657, Olympe se maria avec le prince de Carignan parent de la maison de Savoie et héritier par sa mère du titre de comte de Soissons.

Louis XIV jeta son dévolu sur une belle jeune fille blonde aux yeux bleus, fille d'honneur de sa mère, Mlle La Motte-Argentcourt. Mais elle fut vite envoyée au couvent pour ne pas devenir favorite royale.

En automne 1658, Louis XIV commença à s'intéresser de plus près à Marie Mancini qui avait 18 ans. Nul n'aurait pu imaginer qu'elle l'aurait autant captivé.

Elle ne fut pas une beauté selon le canon de beauté de l'époque qui préférait les rondeurs et la blondeur. D'après Madame de Motteville : " Elle pouvait espérer d'être de belle taille, parce qu'elle était grande pour son âge, et bien droite ; mais elle était si maigre, et ses bras et son col paraissait si longs et si décharnés, qu'il était impossible de la pouvoir louer à cet article. Elle était brune et jaune ; ses yeux qui étaient grands et noirs, n'ayant point encore de feu, paraissaient rudes ; sa bouche était grande et plate ; et hormis les dents, qu'elle avait très belles, on la pouvait dire toute laide. " Elle ne fut pas uniquement attaquée sur son physique mais également sur son caractère. Madame Lafayette affirma " Elle avait l'esprit hardi, résolu, emporté, libertin, et éloigné de toute sorte de civilité et de politesse. "

Le duc de La Meilleraye épousa Hortense Mancini ce qui laissa complètement la place de Marie auprès du roi.

Louis XIV tomba malade et eut une longue convalescence. Marie Mancini en profita pour devenir très proche de lui en compatissant à sa douleur et en pleurant sur ses souffrances. Elle savait l'attrait du roi pour la littérature latine et les mythes gréco-romains et l'italienne brilla devant lui par sa connaissance sur ces sujets. Elle fut également connaisseuse en poésie et fit partager cette passion à Louis XIV. D'après Mlle Montpensier, le roi avait des tas de billets de poésie dans ses poches et était devenu d'humeur très joviale. Marie fut de son époque, une femme éprise de préciosité. Le début de leur relation se basa sur le fantasque, le romanesque. Marie se fit désirer, était-ce pour mieux enflammer le roi et faire ainsi durer leur relation ?

Ainsi, pendant le séjour de la Cour à Fontainebleau en automne 1658, les fêtes y furent somptueuses et nombreuses, bals, feux d'artifice, collations champêtres, cavalcades sous les ombrages ou des promenades en gondole sur le grand canal et Marie en devint la reine. La Cour commença à courtiser Marie, voyant peut-être que le vent tournait pour elle et qu'il fallait mieux être bien avec elle. La situation s'était retournée, elle qui fut jalouse de ses soeurs, maintenant elle engendrait cette même jalousie chez celles-ci, surtout chez Olympe qui avait espéré jadis être auprès du roi.

Mazarin décida qu'il était temps pour le roi de trouver une épouse et de faire une bonne alliance. Pour Mazarin et Anne d'Autriche la bonne alliance était l'infante d'Espagne, mais les relations entre la France et l'Espagne étaient plutôt froides. Mazarin eut l'idée de lancer une rumeur sur un possible mariage entre Louis XIV et sa cousine germaine, Marguerite de Savoie (sa mère Chrétienne de France était la soeur de Louis XIII), pensant ainsi que Philippe IV, roi d'Espagne, serait blessé de voir que le trône de France échapperait à sa fille, Marie-Thérèse. La duperie devant être crédible, il décida une rencontre entre Louis XIV et Marguerite de Savoie.

La Cour quitta Paris pour Lyon avec beaucoup de retard le 25 octobre et arriva le 23 novembre. Marie fit parti du cortège et sa relation avec le roi s'afficha clairement, étant devenu très proche l'un de l'autre. Elle préféra monter à cheval auprès de lui que de rester dans la calèche avec les autres. Louis et Marie dînèrent ensemble les soirs laissant le reste de la Cour. Olympe devenu de plus en plus jalouse, fut astreinte de son côté de rester avec la reine mère. Les deux soeurs ne se parlaient pratiquement plus.

Arrivée à Lyon, Louis et Marguerite se rencontrèrent. Louis sachant que c'était un stratagème, laissa de côté le protocole en étant plus simple et plus chaleureux. Marguerite, de son côté, eut l'intuition, l'intelligence que le mariage ne serait pas probable. Elle avait été déçue auparavant par des hommes préférant ses deux soeurs qui étaient considérées beaucoup plus belles qu'elle. Elle eut vis-à-vis de cette rencontre un désintérêt, ce qui leur permit à tout deux d'être plus autonome pour parler. D'une certaine manière, cela rendit l'engagement plus vraisemblable aux yeux des observateurs étrangers. La plaisanterie ne dura pas, Pimentel le messager de Philippe IV arriva très rapidement à Lyon avec une proposition de paix et d'une demande de mariage. La duperie fut expliquée à la Duchesse de Savoie, mère de Marguerite. Celle-ci prit très mal le fait qu'ils les aient utilisées, contrairement à Marguerite qui le prit avec beaucoup de fair-play. Un contrat moral fut entrepris, que, si le mariage avec l'infante d'Espagne échouait, le roi épouserait Marguerite, et dans le cas contraire, elles seraient indemnisées par des cadeaux. Marguerite épousa plus tard le duc de Parme.

Pendant ce temps, Marie voyant Louis et Marguerite très bien s'entendre, commença à en être jalouse, allant même dire à Louis qu'il devait se sentir humilié qu'une femme laide lui soit donner en mariage. Louis qui était chaleureux avec Marguerite changea complètement après l'arrivée de Pimentel. Était-ce dû au fait que Marie lui fit cette réflexion où simplement qu'il jouait dès le début avec Marguerite et qu'il n'y avait plus d'intérêt à le faire après ?

La Cour resta à Lyon jusqu'en janvier 1659. Louis et Marie restèrent plus souvent ensemble le soir, les logements de la Cour étant éloignés les uns des autres, ils se virent ainsi discrètement. La gouvernante, Madame de Venel, vérifiait pendant les nuits si Marie était bien dans son lit et ne réussit jamais à la prendre en défaut. Cela n'empêcha pas les rumeurs sur leur idylle de se propager. Mais nul ne pouvait dire s'ils avaient consommé leur relation et la plupart pensait qu'elle était encore platonique.

De retour à Paris, ils furent inséparables. " Marie suivait le roi en tous lieux, et lui parlait toujours à l'oreille en présence même de la reine, sans que la bienséance ni le respect qu'elle lui devait l'en empêchât. "

Les négociations entre l'Espagne et la France pour le mariage continuèrent. Le fils naturel de Philippe IV, Don Juan d'Autriche vint à Paris. Il y eut un incident entre un membre du convoi de Don Juan d'Autriche et Marie Mancini. La personne faisait tant d'éloges de l' Infante d'Espagne que cela énerva Marie et elle le fit renvoyer. Le Pape qui entendit l'incident demanda au chargé d'affaires français si le roi était " chaste " et " pourquoi il portait tant d'affection " à la nièce de son premier ministre.

Mazarin ne fit rien de son côté pour éloigner rapidement Marie comme il l'avait fait avec Olympe. Voyant le roi très épris de Marie, peut-être craignait-il que le roi fasse échouer ses négociations en renonçant au mariage. Difficile d'en connaître la véritable raison, peut-être simplement le fait qu'il fut plus simple pour Mazarin d'éloigner sa propre nièce après le mariage plutôt qu'une autre ? Le Cardinal continua ses négociations avec l'Espagne malgré son affaiblissement dû à sa goutte.

Le 4 juin 1659, l'Espagne signa les préliminaires de paix. Maintenant que le mariage était en bonne voie, il fut décidé d'éloigner Marie surtout que Mazarin partait vers la frontière espagnole. Il n'était donc pas souhaitable de la laisser à Paris sans qu'il puisse la surveiller.

Juste avant de partir, l'invraisemblable se passa pour tous. Ne supportant pas que sa mère et son parrain le séparent de son amour, Louis XIV indiqua à sa mère, Anne d'Autriche, qu'il souhaitait épouser Marie Mancini. La reine qui espérait tant, grâce au mariage, dans la paix entre la France et l'Espagne, son pays de naissance, fut complètement assommée par la nouvelle.

Anne d'Autriche fut donc très décidée de lui enlever de la tête son idée de se marier avec Marie. La veille de leur départ pour St Jean de Luz, Anne d'Autriche eut une entrevue d'une heure en tête à tête avec Louis dans la chambre du cabinet des bains. Il fut dit, qu'il sortit de la pièce " avec quelques enflure aux yeux ". Mlle de Motteville indiqua que la reine lui avait confessé " Le roi me fait pitié, il est tendre et raisonnable tout ensemble ; mais je viens de lui dire qu'il me remerciera un jour du mal que je lui fais, et selon ce que je vois en lui, je n'en doute pas. "

Le 22 juin 1659, la séparation fut douloureuse, des larmes furent versées aussi bien par Marie que par Louis. Marie fut contrainte de partir avec Mazarin mais à mi-parcours elle fut obligée de se diriger vers la Rochelle où elle fut assignée à résidence. Elle n'y alla pas seule car ses deux soeurs cadettes, Hortense et Marie-Anne, la suivirent. Leur amour ne s'éteignit pas si facilement, Louis lui envoya un collier de perles et une correspondance s'entreprit entre eux avec l'accord d'Anne d'Autriche.

Marie s'établit à la Rochelle avec ses deux soeurs. Elles n'eurent guère le temps de s'ennuyer puisque le roi pourvu à leurs réjouissances. Elles furent invitées aux représentations théâtrales, baignades, parties de campagne. Elle choisit le château de Brouage pour emménager.

En route pour retrouver l'infante d'Espagne, Louis souhaita revoir Marie. À défaut d'avoir une entrevue, Marie et ses soeurs eurent l'autorisation de venir rendre hommage au roi et sa mère à Saint Jean d'Angély.

Mazarin écrivit à son filleul, Louis XIV, pour lui illustrer la décision de suivre la raison de l'esprit et devenir un grand roi en faisant passer l'intérêt de l'État avant tout et non de suivre son coeur. " Dieu a établi les rois pour veiller au bien, à la sûreté et au repos de leurs sujets, et non pas pour sacrifier ce bien-là à leurs passions particuliers [...] C'est pourquoi je vous supplie de considérer quelles bénédictions vous pourriez attendre de Dieu et des hommes si, pour cela, nous devions recommencer la plus sanglante guerre qu'on ait jamais vue. " - " Souvenez-vous de ce que j'ai eu l'honneur de vous dire plusieurs fois lorsque vous m'avez demandé le chemin qu'il fallait tenir pour être un grand roi : qu'il fallait commencer par faire les derniers efforts, afin de n'être pas dominé d'aucune passion ; car, quand ce malheur arrive, quelque bonne volonté qu'on ait, on est hors d'état de faire ce qu'il faut. " - " Je vous conjure, pour votre gloire, pour votre honneur, pour le service de Dieu, pour le bien de votre royaume et pour tout ce qui vous peut le plus toucher, de faire généreusement force sur vous. " Mazarin alla même jusqu'à le menacer de démissionner et de partir en Italie.

Louis se dirigea vers la frontière espagnole toujours hésitant sur sa décision. Il fit voeu de fidélité à Marie mais partant en direction de sa future épouse, peut-être pensa-t-il qu'il lui serait fidèle en sentiment mais pas en mariage. Ne pourrait-elle pas devenir sa première favorite royale.

À la fin du mois d'août 1659, Marie fut disposée pour devenir maîtresse royale et non reine, sachant qu'elle risquait de tout perdre si elle s'entêtait à se marier avec le roi. Anne d'Autriche entendit dire que Marie Mancini confessait à son entourage qu'elle rendrait la future reine " malheureuse pour toute la vie ". Anne d'Autriche étant espagnole et sa future belle-fille l'étant aussi et de sa famille de surcroît, eut de l'affection pour elle sans la connaître et la phrase de Marie Mancini créa sa disgrâce. Anne d'Autriche était prête à l'accepter comme maîtresse effacée mais une rivale envahissante était inadmissible.

Le 7 novembre, la paix des Pyrénées fut signée entre la France et l'Espagne. L'organisation du mariage prit forme. La relation entre Louis et Marie fut plus distante et leur correspondance s'estompa progressivement. Sur le voyage de retour pour Paris, le cortège s'arrêta en Provence pour apaiser certaines violences. Le roi fut de nouveau de bonne humeur. Des bals et des fêtes furent organisés et Olympe Mancini, à la demande d'Anne d'Autriche, revint au premier plan avec le roi. Olympe s'empressa de s'en venter par lettres à Marie. Leur rivalité étant toujours très dense, il est probable qu'elle pensait ainsi la blesser comme Marie l'avait fait auparavant.

En automne 1659, Mazarin décida de marier Marie au prince Colonna, connétable du royaume de Naples. Marie refusa, offusquée, et sachant que c'était la marque de son exil. Mazarin n'en démordit pas et voulut prendre plus de temps pour l'en persuader. Il accepta que ses nièces reviennent sur Paris puisque Louis n'y était pas. Au lieu d'aller au palais Mazarin comme il le souhaitait, elles s'installèrent au Louvre dans les appartements de celui-ci. Elles devinrent très mondaines en recevant les grands de Paris.

Marie indiqua à qui voulait l'entendre qu'elle choisirait elle-même son époux. Elle se fit courtiser par Charles de Lorraine qui lui proposa en échange du mariage, la restitution de son duché perdu suite à la trahison de son oncle. Mazarin refusa vigoureusement.

Le 9 juin 1660, le mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse fut célébré.

En août 1660, Louis XIV fut de retour dans la capitale avec la reine, Marie-Thérèse. Marie Mancini et Louis se rencontrèrent mais le roi resta distant. Elle voulut comprendre la raison de sa réaction et essaya d'avoir une discussion qui alla à son désavantage. Mazarin profita de la situation pour revenir sur la demande de mariage avec le prince Colonna. Marie accepta voyant que sa relation avec le roi était entièrement finie. Le mariage fut préparé à la hâte de peur que le connétable revienne sur sa décision. Mazarin n'assista pas au mariage puisqu'il mourut avant.

Lors du départ pour Milan, le roi fit un dernier geste à Marie en lui offrant des cadeaux et en étant plus chaleureux envers elle. Marie fut reçut par son futur époux très spontanément.

Marie eut trois fils, mais au bout de quelques années de mariage, celui-ci sombra totalement. Son mari la trompa ouvertement ne voulant plus être avec elle. De son côté, Marie sortit plus régulièrement, allant de bals en diverses fêtes et finit par se discréditer auprès de jeunes courtisans. Son frère Philippe, un de ses compagnons et sa soeur Hortense, qui était elle aussi en mauvais terme avec son mari, la rejoignirent à Milan. Ils commencèrent à se faire une mauvaise réputation et le prince Colonna agacé par cette situation, voulut mettre un terme à cette mascarade.

En 1672, Marie décida de fuir avec sa soeur Hortense pour la France, sous prétexte que son époux en voulait à sa vie. Elle demanda un passeport à Louis XIV qu'elle obtint à son arrivée à Marseille. Elle apprit que Louis était avec Madame de Montespan, grande favorite royale et qui le resta fort longtemps. Peut-être que l'influence de Madame de Montespan et la reine Marie-Thérèse auprès du Roi jouèrent sur le refus de la présence de Marie à la Cour. Effectivement, la passion du roi pour elle dans le passé pouvait les inquiéter. Il est fort possible également que le roi ne voulait pas de sa compagnie pour éviter tout esclandre vu sa présente réputation.

Le déchirement de la vie conjugale de Marie fit des échos dans les hauts lieux d'Europe. Chaque époux donna sa version des faits, tirant à boulet rouge sur l'autre. À la longue, la situation qui alimentait les conversations, commença à agacer tout le monde. Marie n'arrivait pas à obtenir la compassion recherchée suite à ses délations sans preuve. Chacun pensait qu'il était temps pour elle de rentrer chez son époux ou de partir dans un couvent.

Le roi perdit patience sur la situation de Marie, et il fut décidé qu'elle devait rentrer en Italie. Sur la route, elle s'arrêta à Lyon où elle charma le duc de Savoie, mais ce fut de courte durée puisqu'ils se fâchèrent rapidement. Elle ne voulut pas reprendre la route pour l'Italie mais essaya de gagner l'Espagne. Pour s'y rendre, elle passa par la Suisse, l'Allemagne et la Flandre où elle prit un bateau en direction de l'Espagne.

Elle s'installa à Madrid mais sans ressources financières, elle ne pouvait entretenir une vie mondaine à la hauteur de ses espérances. Elle erra donc d'habitation en habitation, allant même dans un couvent qu'elle utilisa comme hôtel, en attendant que des nobles souhaitassent l'accueillir en leur château, du fait de son rang de princesse.

Elle refusa tout arrangement avec son époux malgré sa séparation avec ses fils. Elle erra entre une période mondaine et une période solitaire, se laissant aller au jour le jour.

En 1689, le prince Colonna, son époux, décéda. La liberté qu'elle recherchait était enfin arrivée.

En hiver 1691-1692, Marie fit un séjour à Rome. Elle s'y trouva mal à l'aise et repartit pour Madrid. La France et l'Espagne furent de nouveau en guerre, Marie eut besoin d'un nouveau passeport. Elle l'obtint en échange de ne pas quitter son itinéraire.

En 1700, la succession du trône d'Espagne fut un bouleversement puisque ce fut le petit-fils de Louis XIV, Philippe V, qui devint roi d'Espagne. Marie, qui avait misé sur le concurrent de Philippe V, fut obligée de s'exiler. Elle retourna vaguer en Italie.

Arrivée à l'âge de cinquante ans, elle n'était plus une menace et obtint l'autorisation de revenir sur Paris. Louis XIV lui fit adresser " milles honnêtetés ", mais ils n'essayèrent pas de se revoir.

En mai 1715, elle mourut à Pise, juste quatre mois avant la mort de Louis XIV.

Biographie écrite par Karine Merdrignac.
Mise en ligne le 07/03/2006

Imprimer cette Biographie

retour haut de page