La Préciosité au XVIIème siècle



Une Ruelle

Une Ruelle - Gravure d'A. Bosse



La Préciosité


La préciosité obtient sa notoriété au début du XVIIème siècle et celle-ci est européenne.

Au Moyen-Âge, la préciosité commença dans la littérature courtoise. ( Ronsard, Du Bellay, Marot ...)
À la fin du XVIè siècle, sous Henri IV, la cour changea de ton, devenant vulgaire et grossière.

En 1600, des courtisans nostalgiques de poésie, de politesse, de conversations galantes et raffinées, se réunissent dans leurs hôtels aristocratiques. C'est le début des salons de cette société précieuse.

Dans ces salons, les plus grands s'y retrouvèrent. Parmi lesquels se rejoignirent les duchesses de Rohan et de Nevers, Mesdames de Villeroy, de Guise, de Brienne, des gentilshommes et des hommes de lettres, Desportes et Mainard. La littérature y fut bien sûre reine dans ces salons.

En 1610, suite à l'assassinat du roi Henri IV par Ravaillac, les troubles de la régence firent ralentir la vie mondaine. Celle-ci se ranima suite au rétablissement de l'ordre sous Richelieu.



La Préciosité Ridicule


Ces courtisans devenus précieux, s'évertuent à impressionner par leur talent littéraire et par leur costume, suivant la mode en l'exagérant.

En 1660, Somaize note " que les dames portent des coiffures en pointe, à la picarde ou à la paysanne. Elles brandissent d'un air badin une petite canne. Elles abusent des rubans et ornent leurs robes de crevés. Les hommes ont la perruque longue, des plumes extravagantes au chapeau, des rabats qui descendent dans le dos, des canons à trois étages autour de la jambe ". Ils abusent de fards, de mouches et de parfums.

L'abbé de Pure songe à un " Dictionnaire des Ruelles précieuses pour servir à l'intelligence des traits d'esprits, tons de voix, mouvements d'yeux et autres aimables grâces de la précieuse ". Molière en rajoute dans le portrait de Climène : " Il semble que tout son corps soit démonté, et que les mouvements de ses hanches, de ses épaules, et de sa tête, n'aillent que par ressorts. Elle affecte toujours un ton de voix languissant et niais, fait la moue pour montrer une petite bouche, et roule les yeux pour les faire paraître plus grand ". (Critique de l'École des Femmes)

Molière accentua le trait légèrement quand il se moqua des Précieuses Ridicules, de l'extravagance des costumes et des démonstrations de politesse surabondantes. S'il commença ses premières à Paris sur ce thème, c'est qu'en 1659, c'était d'actualité. Ses antagonistes virent dans ses pièces, une caricature des salons précieux en France, et peut-être plus particulièrement celui de Madame Scudéry, ce que Molière réfuta. Pourtant, avec " l'École des Femmes " (1672), il s'en prit à un nouveau côté de la préciosité et l'emballement pour la science. Il ne fut pas seul à les attaquer. À la fin du siècle, de La Bruyère fut dur envers les cercles où pour lui, il dominait " l'inintelligible et le subtil ". Nicolas Boileau écrivit dans " Satire sur les femmes " (1694) qu'il fut opposé à ce genre de " secte façonnière ".




L'esprit précieux


La préciosité fut principalement l'intention d'exprimer " du prix " à sa personne, ses sentiments, ses actes, et son langage. Plusieurs personnes se montrèrent naturellement très courtois, pour les autres cela nécessite un " effort conscient ", un acte de volonté pour " se tirer du prix commun des autres " (abbé de Pure). La préciosité fut naturelle, raffinée et élégante quand elle s'arrêtait au bon goût. En revanche, en cas d'extravagance, la préciosité devint ridicule.

Généralement, le lieu qui se maintenait dans la délicatesse et le bon goût fut l'Hôtel de Rambouillet. Chapelain écrivit en 1638 " On n'y parle point savamment, mais on y parle raisonnablement, et il n'y a lieu du monde où il y ait plus de bon sens et moins de pédanterie. "

Madame Scudéry s'opposa aux dires de certains qui disaient qu'elle " faisait la savante ". Ces dires venaient que son salon fut incliné vers la science en plus de la littérature.

En littérature, la préciosité ridicule s'identifia par le désir de se faire remarquer dans les " choses de l’esprit ". Les précieux ridicules existaient déjà avant 1610 mais ils furent plus nombreux après 1650 puisque la préciosité se propagea dans les milieux plus bourgeois.

Somaize écrivit sur les personnes ayant le goût de l'esprit, " Je suis certain que la première partie d'une précieuse est l'esprit, et que pour porter ce nom il est absolument nécessaire qu'une personne en ait ou affecte de paraître en avoir, ou du moins qu'elle soit persuadée qu'elle en a ". Les femmes d’esprit ne furent pas toutes précieuses, " ce sont seulement celles qui se mêlent d'écrire ou de corriger ce que les autres écrivent, celles qui font leur principal de la lecture des romans et surtout celles qui inventent des façons de parler bizarres par leur nouveauté et extraordinaires dans leurs significations. "

Les précieux qui n'arrivèrent pas à se faire remarquer par l'originalité de la pensée, se raccrochèrent à la forme, à l'art d'exprimer les idées surprenantes par un langage acerbe et subtil. Les précieux furent premièrement des " mondains ", soutenant de ne pas être auteurs de profession mais composant pour leur plaisir et pour plaire aux dames avec leurs poèmes galants.

Texte écrit par Karine Merdrignac.
Mis en ligne le 21/09/2006

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